De fleurs en aiguille

De fleurs en aiguille

La valorisation du patrimoine connaît un grand succès en France, comme en témoigne la réussite des célèbres « Journées » où le public peut en découvrir les multiples aspects.

Certains éléments de ce patrimoine, néanmoins, comme les œuvres relevant de la paramentique (ensemble du matériel textile utilisé pour la célébration du culte catholique), ne sont pas d’un accès facile pour le public, aussi bien sur le plan de leur compréhension que sur le plan de leur approche physique, car il existe trop peu de lieux adaptés à leur présentation et à leur conservation. C’est aussi un terrain de recherches encore mal connu, malgré quelques ouvrages et quelques expositions organisées par des précurseurs.

Aussi était-il important, à l’occasion de la nouvelle exposition du musée de la Visitation, de mener une action de fond dans ce domaine. Sources intarissables de ravissement, les œuvres textiles réalisées ou conservées par les visitandines sont captivantes, notamment en raison de leur état de conservation. Elles constituent un ensemble d’une grande cohérence, étant presque exclusivement liées à la vie des monastères de l’ordre.
Ce choix permet de dévoiler des trésors inédits appartenant à l’ordre de la Visitation Sainte-Marie, mais également, et pour la première fois, d’aborder l’étude d’un corpus aussi important de broderies d’origine monastique.

L’étude des pièces brodées dont la confection se répartit sur quatre siècles nécessitait l’intervention d’une personne compétente en la matière. Danièle Véron-Denise, membre du Comité scientifique du musée depuis des années et auteur de nombreux articles sur la broderie française, a accepté cette tâche.
Certaines œuvres présentées dans ce livre revêtent une double vocation cultuelle et culturelle ; c’est pourquoi l’auteur, au-delà de la simple description des vêtements, a retracé le milieu qui les a vu naître, les conditions de leur conception, de leur création, de leur utilisation, de leurs transformations… au sein de l’univers inaccessible de la clôture.

Le lecteur l’aura compris, un trésor lui est donné ici à contempler. Trésor historique par l’ancienneté des ornements, trésor aussi par la richesse et la diversité des matériaux, par leur exécution habile, souvent par le charme de leur naïveté, enfin par tout ce que ces ornements nous révèlent sur les « femmes du silence » qui les ont conçus.

La broderie, art complexe et parfois savant, collectif et souvent anonyme, a permis aux visitandines d’exprimer leur foi avec leur cœur et avec des doigts agiles. Dans l’intimité des cloîtres, elles ont créé des décors de toute beauté, pour la plus grande gloire de Dieu et pour le plaisir des yeux.